VESTIGES
Ce qui reste et autres histoires

Vestiges. Tel est le titre du travail récent d’Anna Foka, présenté pour la première fois à l’Institut Français de Thessalonique. Composée comme un storytelling visuel ou une mosaïque, sa peinture met en images un incroyable fatras d’histoires énigmatiques sans début, milieu et fin. D’un tableau à l’autre nous suivons leur fil, dans une tentative de saisir le passé imaginaire auquel ils renvoient. L’outil de base pour la compréhension de l’intrigue est le récit visuel que l’artiste aborde de manière fragmentaire ; un récit qui témoigne à la fois de la difficulté de la mémoire, que du récit lui-même, à capter et représenter le temps vécu. Le passé est toujours absent : tout vient et passe, laissant derrière des paysages détériorés. Malgré l’écoulement continuel du temps et le mouvement inévitable de l’homme vers l’avant, le besoin du retour au passé reste étroitement lié à la nature humaine. Laissons-nous réellement quelque chose derrière nous ? Que reste-t-il de ce que nous avons vécu ? Et si nos expériences nous définissent, comment gérons-nous cet héritage immatériel ? Anna Foka tente de répondre à ces questions à travers l’acte pictural.

Son œuvre, pleine de références au passé et de réflexions sur la notion d’identité, crée un espace-temps kaléidoscopique et une atmosphère carnavalesque rendue avec beaucoup d’humour ; un humour souvent ambigu. Pour contraster, elle utilise comme toile de fond la carapace architecturale dystopique d’espaces abandonnés dans lesquels elle place des personnages imaginaires et réels, empruntés aux médias populaires, ainsi qu’à ses archives photographiques personnelles. La coexistence de ces caractères hétérogènes crée des corrélations et des tensions nouvelles, apparemment absurdes, qui modifient la signification de l’image.

3

Le but de l’artiste est la reconstitution fictionnelle de l’histoire de son pays – qui n’est autre que Thessalonique de son enfance -, dans une tentative de sauvegarder la mémoire, mais aussi de réinterpréter les événements l’ayant marquée. Rien n’est tel qu’il apparait : en adoptant un discours métaphorique et un style allégorique, Anna Foka tente indirectement d’interpréter l’éphémère de l’existence, l’insaisissable de l’instant, ou encore le caractère irréversible du fait accompli. C’est aussi le principal enjeu de cette série d’œuvres. Des œuvres qui ne sont pas simplement des reflets ou des traces du vécu, mais qui constituent elles-mêmes – en tant qu’œuvres puissantes, aussi bien sur le plan intellectuel qu’esthétique – des expériences vécues qui s’inscrivent à leur tour, comme le fruit d’une rencontre, dans le cycle de vie des spectateurs.

Stella Sylaiou

1

2

1
Pêle-mêle (series) 2019
charcoal on paper
50x65cm

2
Pêle-mêle (series) 2019
charcoal on paper
50x34cm

3
Vestiges (series) 2018
acrylic on paper
mounted on canvas
130×195 cm

VESTIGES
Ce qui reste et autres histoires

Pêle-mêle (series) 2019
charcoal on paper
50x65cm
 

Vestiges. Tel est le titre du travail récent d’Anna Foka, présenté pour la première fois à l’Institut Français de Thessalonique. Composée comme un storytelling visuel ou une mosaïque, sa peinture met en images un incroyable fatras d’histoires énigmatiques sans début, milieu et fin. D’un tableau à l’autre nous suivons leur fil, dans une tentative de saisir le passé imaginaire auquel ils renvoient. L’outil de base pour la compréhension de l’intrigue est le récit visuel que l’artiste aborde de manière fragmentaire ; un récit qui témoigne à la fois de la difficulté de la mémoire, que du récit lui-même, à capter et représenter le temps vécu. Le passé est toujours absent : tout vient et passe, laissant derrière des paysages détériorés. Malgré l’écoulement continuel du temps et le mouvement inévitable de l’homme vers l’avant, le besoin du retour au passé reste étroitement lié à la nature humaine. Laissons-nous réellement quelque chose derrière nous ? Que reste-t-il de ce que nous avons vécu ? Et si nos expériences nous définissent, comment gérons-nous cet héritage immatériel ? Anna Foka tente de répondre à ces questions à travers l’acte pictural.

Pêle-mêle (series) 2019
charcoal on paper
50x34cm
 

Son œuvre, pleine de références au passé et de réflexions sur la notion d’identité, crée un espace-temps kaléidoscopique et une atmosphère carnavalesque rendue avec beaucoup d’humour ; un humour souvent ambigu. Pour contraster, elle utilise comme toile de fond la carapace architecturale dystopique d’espaces abandonnés dans lesquels elle place des personnages imaginaires et réels, empruntés aux médias populaires, ainsi qu’à ses archives photographiques personnelles. La coexistence de ces caractères hétérogènes crée des corrélations et des tensions nouvelles, apparemment absurdes, qui modifient la signification de l’image.

Vestiges (series) 2018
acrylic on paper
mounted on canvas
130×195 cm
 

Le but de l’artiste est la reconstitution fictionnelle de l’histoire de son pays – qui n’est autre que Thessalonique de son enfance -, dans une tentative de sauvegarder la mémoire, mais aussi de réinterpréter les événements l’ayant marquée. Rien n’est tel qu’il apparait : en adoptant un discours métaphorique et un style allégorique, Anna Foka tente indirectement d’interpréter l’éphémère de l’existence, l’insaisissable de l’instant, ou encore le caractère irréversible du fait accompli. C’est aussi le principal enjeu de cette série d’œuvres. Des œuvres qui ne sont pas simplement des reflets ou des traces du vécu, mais qui constituent elles-mêmes – en tant qu’œuvres puissantes, aussi bien sur le plan intellectuel qu’esthétique – des expériences vécues qui s’inscrivent à leur tour, comme le fruit d’une rencontre, dans le cycle de vie des spectateurs.

Stella Sylaiou